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Le Soleil et les Grenouilles

Aux noces d’un tyran tout le peuple en liesse
 Noyait son souci dans les pots.

Ésope seul trouvait que les gens étaient sots
 De témoigner tant d’allégresse.
Le Soleil, disait-il, eut dessein autrefois
 De songer à l’hyménée.
Aussitôt on ouït, d’une commune voix
 Se plaindre de leur destinée
 Les citoyennes des étangs.
 « Que ferons-nous, s’il lui vient des enfants ?
Dirent-elles au Sort : un seul Soleil à peine
 Se peut souffrir ; une demi-douzaine
Mettra la mer à sec et tous ses habitants.
Adieu joncs et marais : notre race est détruite ;
 Bientôt on la verra réduite
 À l’eau du Styx. » Pour un pauvre animal,
Grenouilles, à mon sens, ne raisonnaient pas mal.