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Le Jeu des petites gens en 64 contes sots par Louis Delattre : La tête coupée

Un homme, passant un jour par un bois, fut attendu par des voleurs qui, pour avoir son argent, lui coupèrent la tête ! Ou, du moins, il s’en fallut de peu.

 

Elle ne tenait plus que par un petit morceau de peau sur le côté, et il dut l’attacher avec une épingle pour l’empêcher de tomber.

Pourtant, comme c’était l’hiver, et qu’il gelait fort, le cou se reprit et ne saigna point.

Leur mauvais coup fait, les brigands s’enfuirent.

Le pauvre diable se releva et s’en revint à sa maison conter à sa femme, en pleurant, comment il avait été volé et maltraité. Et il s’assit sur une chaise devant le feu pour se réchauffer.

Mais comme il voulait se moucher, et serrait son nez dans son mouchoir, il arracha sa tête avec l’épingle et jeta le tout au feu.

Et ainsi mourut le misérable sans s’en apercevoir, laissant une femme et quatre enfants.

Ah ! quelle pitié ! Au diable les voleurs !

Nous nous pensons jeunes et forts et soudain tombons raides morts.