Le Jeu des petites gens en 64 contes sots par Louis Delattre : La main
Un jour, un gaillard dispos et avisé traversait la forêt.
Au détour d’un étroit chemin, un voleur caché dans le taillis sauta à la bride de son cheval en criant :
- La bourse ou la vie !
Mais notre voyageur n’était pas homme à s’effrayer pour si peu.
Il tira son épée et donna sur la poigne qui arrêtait son cheval un coup qui la trancha tout net.
Puis piquant des deux, il passa outre.
Arrivé chez lui, son valet prit sa monture pour la conduire à l’écurie.
Il allait la débrider quand il aperçut une main crispée pendant à la bride.
Il courut conter la chose à son maître qui tout d’abord en fut lui-même bien ébahi.
Mais, après y avoir pensé quelque temps, il lui revint à la mémoire qu’il avait tantôt, sur sa route, donné ce coup d’épée au voleur, et que ce devait être la main du larron qui s’était serrée sur la longe de cuir.
Il la détacha non sans difficulté et la cloua à la porte de son logis comme trophée.
Que soit bien gardée chose qui est donnée.