Georges Sand la dame voilée
Lorsque M. Flochardet jugea sa fille endormie, pendant que le postillon Romanèche, devenu valet de chambre, rangeait les restes du souper :
— Explique-moi donc, lui dit-il, pourquoi ce château se garde tout seul ; tu m’as fait entendre qu’il y avait à cela une cause particulière.
Romanèche hésita un peu ; mais le bon vin de son honnête voyageur l’avait mis en train de causer et il parla ainsi :
— Vous allez vous moquer de moi, monsieur, j’en suis sûr. Vous autres, gens instruits, vous ne croyez pas à certaines choses.
— Voyons, je t’entends, mon brave homme. Je ne crois pas aux choses surnaturelles, j’en conviens. Mais j’aime beaucoup les histoires merveilleuses. Ce château doit avoir sa légende ; raconte-la moi, je ne me moquerai pas.
— Eh bien, voilà ce que c’est, monsieur. Je vous ai dit que le château de Pictordu se gardait tout seul : c’était une manière de dire. Il est gardé par la Dame au voile.
— Et la Dame au voile, qui est-ce ?
— Ah ! voilà ce que personne ne sait ! Les uns disent que c’est une personne vivante qui s’habille à l’ancienne mode ; d’autres que c’est l’esprit d’une princesse qui a vécu il y a bien longtemps, et qui revient ici toutes les nuits.
— Nous aurons donc le plaisir de la voir ?
— Non, monsieur, vous ne la verrez pas. C’est une dame très-polie qui souhaite qu’on entre honnêtement chez elle ; même elle invite quelquefois les passants à entrer, et s’ils n’y font pas attention, elle fait verser leurs voitures ou tomber leurs chevaux ; ou, s’ils sont à pied, elle fait rouler tant de pierres sur le chemin, qu’ils ne peuvent plus passer. Il faut qu’elle nous ait crié du haut du donjon ou de la terrasse, quelque parole d’invitation que nous n’avons pas entendue ; car, vous direz ce que vous voudrez, l’accident qui nous est arrivé n’est pas naturel, et si vous vous étiez obstiné à continuer votre chemin, il nous serait arrivé pire.
— Ah ! très-bien. Je comprends à présent pourquoi tu as trouvé impossible de nous conduire ailleurs.
— Ailleurs, et même à la ville, vous eussiez été plus mal, moins proprement ; et sauf que le souper eût pu être meilleur… je l’ai pourtant trouvé diablement bon, moi ! — Il a été très-suffisant et je ne me désole pas d’être ici ; mais je veux savoir tout ce qui concerne la dame voilée. Quand on entre chez elle sans être invité, elle doit être mécontente ?
— Elle ne se fâche pas et ne se montre pas ; on ne la voit jamais, personne ne l’a jamais vue ; elle n’est pas méchante et n’a jamais fait de mal aux personnes ; mais on entend une voix qui vous crie : sortez ! et qu’on le veuille ou non, on se sent forcé d’obéir, comme si quelque chose de fort comme quarante paires de chevaux vous traînait.
— Alors, ceci pourra fort bien nous arriver, car elle ne nous a pas invités du tout.
— Pardon, monsieur, je suis sûr qu’elle a dû nous appeler, mais nous n’avons pas fait attention.
Flochardet se souvint alors que la petite Diane avait cru s’entendre appeler par la statue de la terrasse.
— Parle plus bas, dit-il aux postillon ; cette enfant a rêvé quelque chose comme cela, et il ne faudrait pas qu’elle crût à de pareilles folies.
— Ah ! s’écria Romanèche ingénument, elle à entendu !… C’est bien ça, monsieur ! La Dame au voile adore les enfants, et quand elle a vu que vous passiez sans croire à son invitation, elle a fait verser la voiture.
— Et abîmer tes chevaux ? C’est un vilain tour pour une personne si hospitalière !
— Pour vous dire la vérité, monsieur, mes chevaux n’ont pas grand mal ; un peu de sang et voilà tout. C’est à la voiture qu’elle en voulait ; mais si on peut la raccommoder demain ou vous en procurer une autre, vous ne serez retardé que de quelques heures dans votre voyage, puisque vous deviez passer la nuit à Saint-Jean-Gardonenque. Peut-être que vous êtes attendu quelque part et que vous craignez d’inquiéter les personnes en n’arrivant pas au jour dit ?
— Certainement, répondit Flochardet, qui craignait un peu l’insouciance philosophique du brave homme ou sa trop grande soumission à quelque nouveau caprice de la femme voilée. Il faudra, de grand matin, nous occuper de réparer le temps perdu.
Le fait est que Flochardet n’était pas attendu chez lui à jour fixe. Sa femme ne savait pas que Diane fût malade au couvent, et elle ne comptait pas sur le plaisir de la revoir avant les vacances.
— Voyons, dit Flochardet à Romanèche, je crois qu’il est temps de dormir. Veux-tu dormir ici ? Je ne m’y oppose pas, si tu t’y trouves mieux qu’avec tes chevaux.
— Merci, monsieur, vous êtes trop bon, répondit Romanèche, mais je ne peux dormir qu’avec eux. Chacun a ses habitudes. Vous n’avez pas peur de rester seul avec la petite demoiselle ?
— Peur ? Non, puisque je ne verrai pas la Dame. À propos, pourrais-tu me dire comment on sait qu’elle est voilée, puisque personne ne l’a jamais vue ?
— Je ne sais pas, monsieur ; c’est une vieille histoire, je n’en suis pas l’auteur. J’y crois sans m’en tourmenter. Je ne suis pas poltron, et d’ailleurs je n’ai rien fait pour mécontenter l’esprit du château.
— Allons, bonsoir et bonne nuit, dit Flochardet ; sois ici avec le jour, n’y manque pas ; sers-nous vite et bien, tu ne t’en repentiras pas.
Flochardet, resté seul avec Diane, s’approcha d’elle et toucha ses joues et ses petites mains.
Il fut surpris et content de les trouver fraîches.
Il essaya de lui tâter le pouls, bien qu’il ne connût pas grand’chose à la fièvre des enfants. Diane lui donna un baiser en lui disant :
— Sois tranquille, petit père, je suis très-bien ; c’est ma poupée qui a la fièvre, ne la dérange pas.
Diane était douce et aimante ; elle ne se plaignait jamais. Mais elle avait l’air si calme et si enjoué que son père se réjouit aussi.
« Elle a eu son accès tantôt, pensa-t-il ; elle divaguait lorsqu’elle a cru entendre parler une statue ; mais l’accès a été très-court et peut-être que le changement d’air a suffi à sa guérison. La vie de couvent ne lui convient peut-être pas. Je la garderai avec nous, et ma femme n’en sera certainement pas fâchée.
Flochardet s’enveloppa du mieux qu’il put, s’étendit sur les marches de la piscine à côté de l’enfant et ne tarda pas à s’y sentir assoupi, comme un homme encore jeune et bien portant qu’il était.
M. Flochardet n’avait pas plus de quarante ans.
Il était joli de figure, aimable, riche, bien élevé et fort galant homme. Il avait gagné beaucoup d’argent à faire des portraits bien finis, bien frais, que les dames trouvaient toujours ressemblants parce qu’ils étaient toujours embellis et rajeunis.
À vrai dire, tous les portraits de Flochardet se ressemblaient entre eux. Il avait dans la tête un type très-joli qu’il reproduisait sans cesse en le modifiant très-peu ; il ne s’attachait qu’à rendre fidèlement le vêtement et la coiffure de ses modèles.
L’exactitude de ces détails constituait, toute la personnalité des figures.
Il excellait à imiter la nuance d’une robe, le mouvement d’une boucle de cheveux, la légèreté d’un ruban, et il y avait tel de ses portraits qu’on reconnaissait tout de suite à la ressemblance du coussin ou du perroquet placé à côté du modèle.
Il n’était pas sans talent. Il en avait même beaucoup dans son genre ; mais de l’originalité, du génie, le sentiment de la vie vraie, voilà des choses qu’il ne fallait pas lui demander ; aussi avait-il un succès incontesté, et la bourgeoisie élégante le préférait à un grand maître qui aurait eu l’impertinence de reproduire une verrue ou d’accuser une ride.
Après deux ans de mariage, il avait épousé en secondes noces une jeune personne, pauvre, mais de bonne famille, et qui le considérait comme le plus grand artiste de l’univers.
Elle n’était point naturellement sotte, mais elle était si jolie, si jolie, qu’elle n’avait jamais trouvé le temps de réfléchir et de s’instruire.
Aussi avait-elle reculé devant la tâche d’élever elle-même la fille de son mari. C’est pourquoi elle la lui avait fait mettre au couvent, avec l’idée qu’étant fille unique elle se plairait mieux avec de petites compagnes que seule de son âge au logis.
Elle n’eût pas su jouer avec Diane et l’amuser elle-même, ou si elle l’eût su, elle n’en eût pas trouvé le temps.
Il lui en fallait beaucoup pour s’habiller dix fois par jour et se faire chaque fois plus belle.
Flochardet était bon père et bon mari.
Il trouvait bien que madame Flochardet était un peu frivole, mais c’était pour lui plaire qu’elle s’atiffait toute la journée.
C’était aussi, disait-elle, pour lui être utile en le mettant à même d’étudier l’attirail des parures féminines dont il tirait si grand parti dans sa peinture.
Tout en s’endormant dans la piscine du vieux manoir, Flochardet songeait à ces choses, aux toilettes et à la beauté de sa femme, à sa fille malade, peut-être déjà guérie, à sa riche clientèle, aux travaux qu’il lui tardait de reprendre, à l’accident de la voiture, à la coïncidence singulière du récit fantastique du postillon avec l’hallucination de la petite Diane, à la dame voilée et au besoin qu’éprouvent les gens de la campagne de croire aux choses merveilleuses, même sans que la peur soit la cause de ces rêveries : et tout en ruminant ces diverses impressions, il s’endormit profondément et ronfla même un peu.
Diane dormait aussi, n’est-ce pas ? Eh bien, j’avoue que je n’en sais rien. Je vous ai parlé de son père et de sa mère et je me suis permis cette digression au risque de vous impatienter, parce qu’il faut que vous sachiez pourquoi Diane était une petite fille habituellement tranquille et rêveuse.
Elle avait passé sa première enfance toute seule avec sa nourrice qui l’adorait, mais qui parlait fort peu, et elle avait été obligée d’arranger elle-même, comme elle pouvait, dans sa petite tête, les idées qui lui venaient.
Vous ne serez donc pas trop surpris de ce que je vous dirai d’elle par la suite. Pour le moment, je dois vous raconter comment son esprit fut éveillé et travaillé dans le château de Pictordu.
Quand elle entendit ronfler son papa, elle ouvrit les yeux et regarda autour d’elle.
Il faisait sombre dans la grande salle ronde, mais comme la voûte n’était pas élevée et qu’une des lanternes de la voiture, accrochée au mur, donnait encore une lumière terne et tremblotante,
Diane distinguait encore une ou deux des danseuses imitées de l’antique qui se trouvaient placées devant elle.
La mieux conservée et la plus dégradée en même temps, était une grande personne dont la robe verdâtre avait une certaine fraîcheur, dont les bras et les jambes nues ne manquaient pas de dessin, mais dont la figure, envahie par l’humidité, avait entièrement disparu. Diane, tout en sommeillant, avait entendu, d’une manière vague, ce que le postillon avait raconté à M. Flochardet de la Dame voilée, et peu à peu, elle se mit à songer que ce corps sans figure devait avoir quelque rapport avec la légende du château.
- Je ne sais pas, pensa-t-elle, pourquoi mon papa traite cela de folie. Je suis bien sûre, moi, que cette dame m’a parlé sur la terrasse et même avec une très-jolie voix bien douce. Je serais contente si elle voulait me parler encore. Et même, si je ne craignais pas de mécontenter papa qui me croit toujours malade, j’irais bien voir si elle est encore là.
À peine avait-elle pensé cela, que la lanterne s’éteignit et qu’elle vit une grande belle clarté bleue, comme celle de la lune, traverser la salle ; et dans ce rayon de lumière douce, elle vit que la danseuse antique avait quitté la muraille et venait à elle.
Ne croyez point qu’elle en eut peur, c’était une forme exquise. Sa robe faisait mille plis gracieux sur son beau corps et semblait semée de paillettes d’argent : une ceinture de pierreries retenait les pans de sa tunique légère ; un voile de gaze brillant était roulé sur sa chevelure qui s’échappait en tresses blondes sur ses épaules blanches comme neige.
On ne pouvait distinguer son visage à travers cette gaze, mais il en sortait comme deux pâles rayons à la place des yeux.
Ses jambes nues et ses bras découverts jusqu’à l’épaule étaient d’une beauté parfaite.
Enfin la nymphe incertaine et pâlie de la muraille était devenue une personne vivante tout à fait charmante à regarder.
Elle vint tout près de l’enfant et, sans effleurer son père étendu auprès d’elle, elle se pencha sur le front de Diane et y mit un baiser : c’est-à-dire que Diane entendit le doux bruit de ses lèvres et ne sentit rien.
La petite jeta ses bras autour du cou de la dame pour lui rendre sa caresse et la retenir, mais elle n’embrassa qu’une ombre.
— Vous êtes donc faite tout en brouillard, lui dit-elle, que je ne vous sens pas ? Au moins parlez-moi, pour que je sache si c’est vous qui m’avez déjà parlé.
— C’est moi, répondit la dame ; veux-tu venir te promener avec moi ?
— Je veux bien, mais ôte-moi la fièvre, pour que mon papa ne soit plus inquiet. — Sois tranquille, tu n’auras aucun mal avec moi. Donne-moi ta main.
L’enfant tendit sa main avec confiance, et, bien qu’elle ne sentît pas celle de la fée, il lui sembla qu’une fraîcheur agréable passait dans tout son être.
Elles sortirent ensemble de la salle.
— Où veux-tu aller ? dit la dame.
— Où tu voudras, répondit la petite fille.
— Veux-tu retourner sur la terrasse ?
— La terrasse m’a paru bien jolie avec tous ses buissons et sa grande herbe pleine de petites fleurs.
— N’as-tu pas envie de voir le dedans de mon château, qui est plus beau encore ?
— Il est tout à jour et tout démoli !
— C’est ce qui te trompe. Il paraît comme cela à ceux que je n’autorise pas à le voir.
— Me permettras-tu de le voir, moi ?
— Certainement. Regarde !
Aussitôt les ruines au milieu desquelles Diane croyait être furent remplacées par une belle galerie aux plafonds dorés en relief.
Entre chaque grande croisée, des lustres de cristal s’allumèrent et de grandes belles figures de marbre noir portant des flambeaux se dressèrent dans les embrasures. D’autres statues, les unes de bronze, les autres de marbre blanc ou de jaspe, d’autres toutes dorées, parurent sur leurs socles richement sculptés, et un pavé de mosaïque représentant des fleurs et des oiseaux bizarrement disposés, s’étendit à perte de vue sous les pas de la petite voyageuse.
En même temps, les sons d’une musique lointaine se firent entendre, et Diane, qui adorait la musique, se mit à sauter et à courir, impatiente de voir danser, car elle ne doutait point que la fée ne la conduisît au bal.
— Tu aimes donc bien la danse ? lui dit la fée.
— Non, répondit-elle. Je n’ai jamais appris à danser, et je me sens les jambes trop faibles ; mais j’aime à voir tout ce qui est joli et je voudrais vous voir encore danser en rond, comme je vous ai vue en peinture.
Elles arrivèrent dans un grand salon tout rempli de glaces très-éclairées, et la fée disparut ; mais aussitôt Diane vit une quantité de personnes semblables à elle, en robe verte et en voile de gaze, qui bondissaient légèrement par centaines dans tous ces grands miroirs, au son d’un orchestre qu’on ne voyait pas.
Elle prit grand amusement à regarder cette ronde, jusqu’à ce qu’elle en eut les yeux fatigués, et il lui sembla qu’elle dormait.
Elle se sentit réveiller par la main fraîche de la fée et elle se trouva dans une autre pièce encore plus belle et plus riche, au milieu de laquelle il y avait une table d’or massif de très-belle forme, chargée de friandises, de fruits extraordinaires, de fleurs, de gâteaux et de bonbons qui montaient jusqu’au plafond.
— Prends ce que tu voudras, lui dit la fée.
— Je n’ai envie de rien, répondit-elle, à moins que ce ne soit de l’eau bien froide. J’ai chaud comme si j’avais dansé.
La fée souffla sur elle à travers son voile, et elle se sentit reposée et désaltérée. — Te voilà bien ; que veux-tu voir à présent ?
— Tout ce que tu voudras que je voie.
— N’as-tu aucune idée ?
— Veux-tu me faire voir des dieux ?
La fée ne parut pas surprise de cette demande. Diane avait eu autrefois dans les mains un vieux livre de mythologie avec des figures bien laides qui lui avaient semblé très-belles d’abord, et qui avaient fini par l’impatienter.
Elle rêvait de voir quelque chose de mieux et pensait que la fée devait avoir de belles images.
Celle-ci la conduisit dans une salle où il y avait des peintures représentant des personnages mythologiques grands comme nature. Diane les regarda d’abord avec étonnement et puis avec le désir de les voir remuer.
— Fais les donc venir auprès de nous, dit-elle à la fée.
Aussitôt toutes ces divinités sortirent de leurs cadres et se mirent à marcher autour d’elles, puis à s’élever très-haut et à tourbillonner au plafond comme des oiseaux qui se poursuivent.
Elles allaient si vite que Diane ne pouvait plus les distinguer. Il lui sembla en reconnaître quelques-unes qu’elle avait aimées dans son livre, la gracieuse Hébé avec sa coupe, la fière Junon avec son paon, le gentil Mercure avec son petit chapeau, Flore avec toutes ses guirlandes ; mais tout ce mouvement la fatigua encore.
— Il fait trop chaud chez toi, dit-elle à la fée, mène-moi dans ton jardin.
Au même instant elle se trouva sur la terrasse ; mais ce n’était plus l’endroit inculte et sauvage qu’elle avait traversé pour entrer dans le château.
C’était un parterre aux sentiers sablés en manière de mosaïque avec des petits cailloux de diverses couleurs, et des corbeilles où mille dessins étaient tracés avec des fleurs, à l’imitation d’un riche tapis.
Les statues chantaient un beau cantique en l’honneur de la lune, et Diane souhaita voir la déesse dont on lui avait donné le nom.
Elle parut aussitôt en forme de nuage argenté dans le ciel.
Elle était grande, grande, et tenait un arc très-brillant. Par moments elle devenait plus petite, et puis si petite qu’on eût dit d’une hirondelle ; elle se rapprochait et devenait grande.
Diane se lassa de la suivre des yeux et dit à la fée :
— À présent, je voudrais t’embrasser.
— C’est-à-dire que tu veux dormir ? dit la fée en la prenant dans ses bras. Eh bien dors ; mais quand tu seras éveillée, n’oublie rien de ce que je t’ai fait voir.
Diane s’endormit profondément et, quand elle ouvrit les yeux, elle se retrouva couchée dans l’auge de marbre, tenant dans sa main la petite main de sa poupée. L’aube bleuâtre avait remplacé la lune bleue.
M. Flochardet était levé et avait ouvert son nécessaire de voyage.
Il se faisait tranquillement la barbe, car, dans ce temps-là, un homme du monde, dans quelque situation qu’il se trouvât, eût rougi de n’être pas rasé de frais dès le matin.